21/05/2009
BIEN PASSÉ, ÇA S'EST BIEN PASSÉ
Bien passé, ça s'est bien passé.
Ça fait plaisir, après la représentante du gouvernement espagnol et l'expert nommé par les gouvernements pour l'Europe de l'Ouest (espagnol aussi)... Le représentant de la France a tout d'abord cherché à savoir quelle était la vocation de notre association. Nous lui avons expliqué qu'il s'agissait d'une plateforme ayant pour vocation de réunir les citoyens pour lesquels l'autonomie est l'avenir nécessaire d'Iparralde. Nous lui avons expliqué en quoi il nous était impossible de continuer à subir les décisions de Paris quand elles s'acharnent à aller à l'encontre des intérêts de notre territoire, de notre culture, de notre langue. Nous avons dit combien notre projet s'incarne dans une Europe des peuples, et ne fait que reprendre des politiques déjà mises en place au Royaume Uni, en Espagne, en Allemagne... Nous avons insisté sur le fait qu'il s'agit pour nous de ne pas dépendre des volontés de Paris, bien loin de nos réalités, qu'il s'agit d'être autonomes, responsables des politiques mises en place sur notre territoire, en matière sociale, économique, culturelle et politique, pour répondre aux véritables besoins de la population et du territoire. Nous avons insisté sur la notion de "communauté de destin".
Nous lui avons signalé combien nous nous scandalisons et souffrons de ne pas avoir de représentation institutionnelle en Pays Basque Nord et avons dénoncé là la stratégie de la France d'éteindre notre identité progressivement, sournoisement, quand des territoires comme la Normandie, la Bretagne, l'Alsace constituent des régions, quand la Corse dispose d'un statut particulier.
Par rapport à notre présence ici même, nous lui avons exposé quelles étaient nos revendications et notre incompréhension face à l'absence d'expert nommé par les peuples autochtones en Europe de l'Ouest. Il a voulu nous répondre que c'était certainement parce que les États de cette zone ne reconnaissaient pas de peuple autochtone sur leur territoire, argument que nous avons contesté, rappelant que l'auto-définition étant la règle, à partir du moment où nous en avions fait la demande l'année dernière, il était légitime, voire impératif que nous ayons la possibilité de nommer un expert. Il n'a pas contesté.
Nous lui avons ensuite dit que nous accusions la France de ne pas respecter ses engagements, et de concourir à faire disparaitre notre peuple, en ne prenant aucune mesure de nature à permettre la ré-appropriation de la langue en Iparralde. Il nous a répondu que la France avait pris de nombreuses mesures en faveur des langues régionales. Ce à quoi nous lui avons rétorqué que, d'une part, le basque n'était pas une langue régionale et, d'autre part, que la France n'avait fait que tenir compte d'un état de fait permis par le travail de militants déterminés à prendre leur destin en main, mais qu'en aucun cas, elle ne prenait de mesure propre à assurer la survie de cette langue historique, et qu'il s'agissait en quelque sorte là d'un crime volontaire contre l'existence de notre peuple, le plus ancien d'Europe, et qu'il n'était nul besoin d'être basque pour prendre conscience de la gravité de cette politique. Il n'a pas contesté.
Reprenant la teneur de son discours ce matin, nous lui avons signalé qu'il n'avait nullement repris le texte lu devant l'Assemblée, et lui avons demandé s'il s'agissait là, de sa part, d'une non-contestation des faits. Il n'a pas rétorqué. Nous lui avons alors dit combien nous condamnions la France d'extrader des militants politiques, tolérant ainsi la torture qui est ensuite pratiquée à leur encontre en Espagne, comme le confirment les nombreuses condamnations d'organismes internationaux tel Amnesty International. Il a alors répondu que les questions liées à l'Espagne ne le concernaient pas. Mais, de notre côté, nous lui avons rétorqué que la France est responsable des conditions et des cas dans lesquels elle permet les extraditions, et qu'il nous est nécessaire de dénoncer qu'en l'occurrence, figurer parmi les pays de l'Union Européenne ne suffisait pas à assurer les droits de la défense et de détention. Il n'a pas contesté.
Enfin, nous avons abordé le fonctionnement de l'Instance Permanente aux Questions Autochtones, et lui avons rappelé quels étaient nos principaux objectifs ici. Le rapport était détendu, mais ferme. Nous représentions chacun des intérêts différents, mais respect et écoute étaient appréciables.
Finalement, nous l'avons encouragé à transmettre notre ouverture au dialogue, et notre volonté d'implication dans le cadre de la réforme des institutions en France. Je ne vous cacherai pas que, si nous ne pouvons mesurer l'impact de notre échange ou même les réelles intentions de monsieur Emmanuel LEBRUN-DAMIENS, la possibilité d'échanger nos perceptions et d'exposer nos revendications de manière courtoise et respectueuse a été salvatrice de cette journée intense et même violente à certains égards.
La lutte continue...
Mailys
23:45 Publié dans 2009 Des Basques à l'ONU, Mailys Iriart | Commentaires (0)
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