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Chaque année, à New York, des délégations des peuples autochtones du monde entier se rassemblent durant l'Instance Perma- nente aux Questions Autochtones de l'ONU. Cette année, du 19 au 30 avril, une délégation de 4 citoyens basques était pré- sente lors de cette 9ème session. Jojo Bidart, et Audrey Hoc du Pays basque nord, Urko Kolomo et Jon Sarasua du Pays basque sud. Organisée à l'initiative d'Autonomia Eraiki, cette délégation entendait une fois de plus alerter l’assistance de l’UNPFII sur les contradictions de l’Etat français, car celui-ci a signé des traités internatio- naux qu’il ne respecte pas, puisqu’il ne veut toujours pas reconnaître les peuples autochtones de son territoire. Manifeste- ment, l’Etat français refuse de reconnaître aux Basques se trouvant présentement sous son administration le statut de peuple autochtone. Statut qui, à la lecture des critères onusiens s’applique parfaitement aux Basques du Pays basque nord.

DOCUMENTS/DOKUMENTOAK

22/01/2010

VOYAGE POLITICO-TROPICAL (SUITE)

La Gwadloup sé tan nou !

(La Guadeloupe est à nous !)

 

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Quatre heures de bateau le 18 Janvier 2010 m’ont amenée de Martinique en Guadeloupe, de Fort de France à Pointe à Pitre. Passage difficile du canal de Dominique où l’horizon disparaît et réapparaît. Seule la vision de la beauté de la Dominique, orgueilleusement verte, réconforte et fait tenir. Un vieil ami comparse du temps des folies musicales balesques, maintenant interne au CHU, m'accueille au port. Je suis déjà impressionnée par la vision des nombreuses tours style ZUP qui pointent dans Pointe à Pitre.


Échanges avec Luc Reinette :

Luc Reinette, ancien prisonnier politique Guadeloupéen (il faisait partie de l’ARC : Alliance Révolutionnaire Caraïbe) était venu à Bayonne en 2007 à l’occasion du Premier Forum sur l’Autonomie organisé par Autonomia Eraiki. Je lui avais annoncé à l’époque mon souhait de découvrir sa Guadeloupe. Chose faite en ce jour. Il vient me chercher à la station Vito du Gosier, sur la route de Sainte Anne, et me conduit chez lui.

 

Une grève annoncée ?

Dans le France Antilles du jour apparaît le report de la grève à une date indéterminée. J’interroge donc Luc Reinette à ce propos : « Jamais le LKP n’a annoncé une grève générale pour le 20 Janvier. Un préavis a seulement été déposé. Les médias français se sont emballés et déjà présents sont sur le qui-vive » me confiera t-il. « Il est trop tôt pour les Guadeloupéens, la grève de l’an dernier a été très dure, et l’augmentation de 4 centimes de l’essence ne peut justifier à elle seule le recommencement d’une longue grève générale ».

 

La lâcheté des Antillais

Bien sûr, notre conversation se poursuit en évoquant les résultats du référendum en Martinique : « C’est quand même une sacrée claque, mais je ne crois pas que cela aurait été mieux ici en Guadeloupe, cela aurait été pareil. C’est un problème de mentalité et il faut croire qu’aujourd’hui les Antillais sont lâches. Il y a un véritable conditionnement, une aliénation vis-à-vis de la France, une peur panique à l’idée de se prendre en charge. Tout le discours revient à celui de la sécurité, perte ou maintien des acquis sociaux, à ceux-là je rappellerai les propos de Benjamin Franklin : « Celui qui sacrifie la liberté au profit de la sécurité, ne mérite ni la liberté ni la sécurité ». La vie est dangereuse par essence ! Il faut savoir prendre des risques, il faut oser ! » poursuivra Luc.

 

Les autonomies de Saint Barthélemy et de Saint Martin

Haïti est le mauvais exemple d’indépendance que l’on présente aux Antillais en pointant du doigt sa misère, il répliquera alors qu’Haïti n’est pas le seul exemple, qu’il faudrait aussi vivement rappeler les larges autonomies dont ont bénéficié depuis 2003, sous administration française, Saint Barthélemy et Saint Martin. La population avait alors voté « Oui » et aujourd’hui ces territoires se portent très bien. Saint Barthélémy demande d’ailleurs maintenant à accéder à un statut encore plus autonome : celui de P.O.M (Pays d’Outre-Mer).

 

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« On lanné LKP » : Anniversaire de la mobilisation du 20 Janvier 2009 à la Mutualité de Pointe à Pitre

 

Pas de grève générale en ce 20 Janvier 2010 mais l’organisation par le LKP de 4 jours de célébration de l’anniversaire de la mobilisation à la Mutualité de la capitale économique Pointe à Pitre. Un meeting et des expos photos pour le 20 (une partie d’une des interventions filmées : http://www.youtube.com/watch?v=gLLSRZujwuo), une projection débat les 21 et 22 : « Mouvman LKP : peut on parler de mouvement à caractère révolutionnaire ? » et une grande fête en solidarité avec Haïti le samedi 23 janvier (conférences et film suivi de concerts).

 

« On attend !»

Je rejoins le soir du meeting, le 20 Janvier, Myrlin Davilé, syndicaliste de l’UGTG (Union Générale des Travailleurs de la Guadeloupe). Après une visite de la « sombre » Pointe à Pitre (bidonvilles, cités), je l’interroge sur le renoncement à la grève générale : « On ne renonce pas, on attend. Tu as vu, ils ont fait rappliquer des milliers de policiers depuis la métropole. Un vrai contingent militaire ! Ils remplissent à eux seuls tous les hôtels des environs ! C’est bien, ça fait fonctionner le tourisme ! Alors nous, on attend qu’ils partent. ». La possibilité d’un bain de sang fait renoncer bien sûr. L’ile est habituée aux folies de la répression, plusieurs épisodes de l’histoire sont là pour les rappeler. Quand je lui demande une date pour la grève générale, il me répond :« Peut être une semaine, ou deux, voire trois, on surveille les agissements de nos camarades bleus ». La pwofitasion est toujours là, selon M. Davilé, donc pas question de se taire. Le groupe Hayot se pavane toujours et se la joue philanthrope avec l’université (un don de 30 000 euros annuels sur les 1, 4 milliards qu’il engrange chaque année ). Myrlin m’a aussi parlé d’un projet dément d’enfouissement de tonneaux dans la mer, sous le port de Pointe à Pitre : il s’agirait de regrouper là tous les tonneaux usagés transitant par le Canal de Panama. Guadeloupe : poubelle ?

Plus que jamais la foule présente au meeting entonne le chœur populaire et n’aura pas fini de le scander jusqu’à l’arrêt de la pwofitasion : « La gwadloup sé tan nou, la Gwadloup sé pa ta yo» (http://www.youtube.com/watch?v=CTCo8x58TOU)

 

« Ni 73, ni 74 »

Lorsque je parle à Myrlin Davilé du « Non » en Martinique, il me répond un peu à la manière de ses camarades de Ste Anne : « Nous non plus nous ne voudrions pas du 74, nous n’accepterons rien qui sorte de la Constitution Française. Nous voulons autre chose et nous y travaillons ».


Elie Domota : la force tranquille

Bien sûr ce meeting ne pouvait avoir lieu sans la présence du charismatique Elie Domota. Une télé libre française l’interviewe et j’en profite pour enregistrer l’entretien avec mon petit appareil photo (http://www.youtube.com/watch?v=ZuLRjLDcOhQ). Elie Domota y rappelle la domination de classe et de race en cours en Guadeloupe, rien n’y a changé depuis des décennies. Le but est évidemment aussi de vaincre l’assistanat dont sont victimes les Guadeloupéens et d’après lui ce n’est pas en proposant des articles de la Constitution française que la situation évoluera. Sur l’essoufflement du LKP, Domota répond que le LKP n’est pas mort même si chaque semaine les médias l’annoncent. Au sujet d’une continuité politique au mouvement, il affirme que le mouvement ne veut pas rentrer dans ce moule électoraliste. Depuis 1900 en effet aucun changement et pourtant ils y sont dans le système. Pour Domota il faut remettre en cause les fondations mêmes de ce système basé sur la pwofitasion. Le LKP est à ce titre une contribution à l’émergence d’un nouvel ordre économique mondial. Il finira par évoquer Haîti dont les gouvernements français sont les premiers responsables de la misère. Ils y ont pillé les ressources naturelles et jusqu’en 1972 les Haïtiens ont payé la rançon de l’indépendance. Cela après que la France ait installé des dictateurs sur place dont le dernier est d’ailleurs caché en France avec son argent bien protégé en Suisse. Il conclura en évoquant la justesse et la vérité de la lutte du LKP : « Nous nous n’avons le sang de quiconque sur les mains ».

 

Audrey Hoc, Le Gosier (Guadeloupe), 21 Janvier 2010

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